L’église priorale Saint-Côme et Saint-Damien

L’église priorale Saint-Côme et Saint-Damien

La chapelle des fonts baptismaux de l’église collégiale Saint-Martin conserve un tableau du XVIIe siècle, sur lequel figurent les deux frères martyrs Côme et Damien, médecins et donc saints patrons des professions médicales. Le tableau était, jusqu’en 1907, accroché aux murs de la chapelle de l’hôtel-Dieu, mais il est probable qu’il ait été à l’origine dans l’église placée sous le vocable de nos deux praticiens, la priorale St-Côme et Saint-Damien, qui s’élève encore au faubourg St-Pierre, rue Jeanne d’Arc plus précisément.

Nul ne connaît la date de fondation de ce prieuré chablisien, dont la première mention archivistique remonte à 1290, mais dont l’église, qui subsiste de nous jours, paraît remonter à la seconde moitié du XIIe siècle.

En fait, ce modeste établissement de chanoines réguliers dits « Augustins » est une dépendance du prieuré du même nom, dit aussi « St-Côme en l’Isle »,  fondé à Tours par les chanoines de la grande abbaye Saint-Martin de cette même ville, elle-même maison-mère de la collégiale Saint-Martin de Chablis ; cela explique que le prieuré St-Côme de Chablis soit soumis au droit de visite et de contrôle des chanoines tourangeaux et ceux de la collégiale chablisienne.

Il semble qu’au début du XVIe siècle, l’établissement n’ait pratiquement plus de religieux, puisqu’ en 1527, on n’y célèbre plus qu’une messe par mois, et qu’un « cuvier à faire le vin » occupe la nef de la chapelle…

Profondément transformé aux XIXe et XXe siècle, l’intérieur, dont les voûtes ont disparu, ne présente plus aucun élément ancien ; de plus, le creusement de caves et la suppression malheureuse d’une partie des contreforts extérieurs ont considérablement déstructuré le bâtiment qui verse dangereusement vers la rue. Aujourd’hui, étais et tirants métalliques « de fortune » maintiennent tant bien que mal en vie la chapelle, mais pour combien de temps encore ? Cependant, bien qu’en fort mauvais état, voire délabrée, l’édifice qui se dresse encore aujourd’hui présente des caractéristiques architecturales des plus intéressantes

Si les multiples et anarchiques ouvertures qui ont été tardivement pratiquées dans les murs du chevet, lequel avait été jadis transformé en logement, défigurent le bâtiment, deux élégantes baies originelles, en arc brisé, évoquent la toute fin du XIIe voire le tout début du XIIIe siècle.

 De la même époque datent les grandes baies de facture identique, partiellement bouchées, que l’on peut voir sur la nef, côté rue (nord), comme côté jardin (sud).

 On ne peut que regretter la disparition « récente » (1927) du portail occidental, qui a été vendu. Malgré tout, la chapelle St-Côme demeure un témoin précieux du passé religieux de la ville de Chablis et, à ce titre, mériterait une restauration qui la sauve de la ruine définitive …

Baie de la nef
la nef, côté rue
Baie du chevet
L’Hôtel-Dieu

L’Hôtel-Dieu

À l’époque médiévale, chaque ville, même la plus petite, possède au moins une institution hospitalière et charitable, connue le plus souvent sous le nom d’hôtel-Dieu ; on y reçoit et soigne malades et pauvres, au nom du Seigneur, dans le cadre des « œuvres de miséricorde » énoncées par l’Évangile et qui s’imposent à tout chrétien qui se veut digne de ce nom. Si l’on ne peut agir en personne, il est important d’aider, par des dons, les institutions collectives qui sont en charge de cette œuvre.

À Chablis, l’« hospice » est situé au sud, hors les murs de la ville basse, celle des chanoines de la collégiale Saint-Martin, sur le chemin, aujourd’hui la rue Jules-Rathier,  qui mène au faubourg Saint-Pierre, la « ville haute », artisanale et populaire. Le site est de nos jours occupé par l’Hostellerie des Clos.

De quand l’hôtel-Dieu de Chablis date-t-il, à l’initiative de qui a-t-il été fondé ? Faute de sources, on ne connaît pas les origines de notre établissement. Mais il est mentionné dans les archives à la date de 1367. Le second repère chronologique, mais qui reste très approximatif, est fourni par l’observation de la chapelle, seul vestige d’importance toujours visible de nos jours. Les différents éléments architecturaux ne nous permettent pas de remonter bien haut et semblent renvoyer au courant du XIVe, voire du XVe siècle.

Il est cependant certain que, au moins depuis le XVIe siècle, l’établissement est géré par des administrateurs placés l’autorité du prévôt civil de Chablis ; mais le service d’accueil et de soin est confié aux Religieuses hospitalières ; en 1824, les laïcs qui faisaient fonctionner l‘hôpital depuis la Révolution sont remplacées par des Religieuses appartenant à la congrégation des Sœurs de la Présentation de Tours, qui tiennent aussi une école dans les murs de l’hôtel-Dieu. Les lois anticléricales les chasseront des lieux en 1907.

Placée sous l’invocation de saint Jean-Baptiste, la chapelle, dont le chœur déborde sur la rue, date donc très probablement des XIVe ou XVe siècle. Bien que probablement remanié au XIXe siècle, le décor en faible relief de la  porte sud renvoie à cette époque. Sous un arc brisé, le tympan offre en son centre une croix sur piédestal encadrée par un arc trilobé.

Mais le bâtiment a subi de nombreuses modifications ; en témoigne la clef de voûte du sanctuaire, qui porte l’inscription suivante « LAUTEL DIEU 1622 ». De même, si l’on en croit la date gravée sur le mur extérieur du chevet, les baies de l’abside ont été remaniées, et probablement élargies, vers 1750.

Rendue au culte en 1807, la chapelle fut fermée sur ordre de la Municipalité quasiment un siècle plus tard, en 1906 exactement. Elle est classée aux Monuments Historiques depuis 1927. Sans cesse remaniés entre 1723 (date de construction de deux bâtiments distincts pour hommes et femmes) et 1957, les bâtiments de l’ancien hôtel-Dieu, par la suite hospice civil, puis maison de retraite, abritent aujourd’hui un restaurant réputé.

Bibliographie

Bonneau Gustave. «  La paroisse de Chablis et ses maisons religieuses et hospitalières », bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne,  1922, p. 164-166.

Base Mérimée (Ministère de la Culture)

Hôtel-Dieu à Chablis dans l'Yonne
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Église St-Jacques-le-Mineur de Poinchy

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Saint Jacques de Compostelle Eglise de Poinchy

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Eglise de Poinchy

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